Jour 433
J'ai peut-être été mauvaise langue quand j'ai dit qu'Emilie avait du mal à aligner plus de trois mots. Ça arrive qu'elle en dise plus. Et après ce qui est arrivé à ses parents, on peut pas vraiment lui en vouloir d'avoir deux trois problèmes de communication.
En tout cas, si la parole n'est pas vraiment son moyen préféré d'expression, son truc, c'est plutôt la peinture.
Elle est pas encore très douée mais ça devrait venir. Et surtout, ça lui plaît et pendant ce temps, elle est pas entrain de faire des bêtises.
Ça doit lui permettre de s'évader, d'oublier quelques instants, faire prendre forme à ce qui est dans sa tête et qu'elle n'arrive pas à dire autrement.
Papa est ravi, bien entendu. Il adore crier sur tous les toits qu'elle tient ça de lui.
Dommage que ça ne soit que sa fille adoptive.
Il a été très déçu de voir que ces deux fils biologiques tenait plus de la mère que de lui et qu'on avait juste un intérêt limité pour son art.
Le seul moyen de nous faire tenir un crayon devait une toile blanche, ça serait d'essayer de nous y faire résoudre une équation.
Du coup, ça leur permet en quelque sorte de nouer le dialogue et de tisser un lien qui n'a jamais pu l'être avec des mots.
Et qui sait, ça agira peut-être comme une thérapie et elle pourrait enfin sortir de sa bulle après toutes ces années.
Une chose est sûre, je comprends bien venger ses parents dès que j'en aurais l'occasion et j'espère que ça sera déjà une petite consolation.
Et puis, après tout ça, elle pourra commencer à faire le deuil de ses parents puisqu'elle n'aura plus à vivre dans le mensonge dans lequel mes parents l'ont plongée pour la protéger.
Ça ne les ramènera sûrement pas, mais elle sera enfin à l'extérieur qui elle est à intérieur.