Jour 98
Avec tout ça, j’aurais presque envie de jeter l’éponge et de toute arrêter. Mais il arrive parfois que la vie vous donne un coup de fouet inattendu qui vous réveille et vous remet sur le droit chemin.
Je viens d’en recevoir un grand. Il est temps de passer à autre chose et d’arrêter de m’apitoyer sur mon sort. Ma vie pourrait être pire.
Je ne me pardonne pas encore ce que j’ai fait, mais cela ne sert à rien de ruminer sur le passé quand le présent a tant besoin de moi. Je vais laisser le temps refermer les blessures, il n’y a rien de plus que je puisse faire maintenant. Julien est mort, et jamais nous ne pourrons avoir cette conversation que nous aurions eu tant besoin d’avoir.
En parler encore et encore ne sert à rien.
Mon coup de fouet a pris la forme d’une visite inattendue de mon neveu. Je savais qu’Alexandre s’était marié à une jeune femme de la région et qu’il avait eu un fils, Edouard, mais je n’avais jamais pris la peine de m’y attacher plus. Et Alexandre n’avait pas jugé bon de venir me les présenter. Il a cessé de venir nous rendre visite depuis la mort de maman.
Peut-être qu’il voulait vraiment renouer les liens avec sa mère et qu’une fois disparue, il n’avait plus de raison de venir me rendre visite. Après tout, je lui ai volé les moments qu’il aurait du avoir avec sa mère.
Toujours est-il qu’Edouard a frappé ce matin à ma porte. Pour se présenter soit-disant. Quel dommage que nos deux familles ne soit pas si proche.
Je n’en crois pas un mot. Quelque chose me dit qu’il vient de reprendre les rênes et qu’il voulait être sûr que je sois au courant.
La conversation a été courte, mais il m’a assuré qu’il repasserait pour que l’on puisse faire plus ample connaissance. On ne peut pas dire que cette idée me rende très enthousiaste.
Edouard quelqu’un qui n’inspire pas la confiance. Son visage, son regard… Tout en lui indique que c’est quelqu’un de mauvais. De vraiment mauvais.
Qui sait ce qu’il pourrait faire avec le pouvoir qu’Alexandre va lui laisser. Tant qu’il est en vie, il peut encore le retenir. Mais je crains le pire pour la suite.
Et c’est là que je me rend compte que mes problèmes ne sont rien. Je dois me concentrer à nouveau sur des choses plus importantes.