Jour 301
Chacun a réagit à sa manière à la disparition soudaine de Jason. On savait tous qu'il y avait un risque mais on avait jamais cru que ça arriverait un jour. Après tout, les Gothik ont été mis définitivement hors d'état de nuire, et c'était eux, les grands méchants. Mais apparemment, on se trompait.
Depuis hier, Damien a nettoyé au moins cinquante fois la maison. Elle n'a jamais été aussi propre.
Elisa, elle, s'est lancée dans la création d'un album regroupant tout le travail de Jason. Une façon de lui rendre un dernier hommage.
Luc a retrouvé mon vieux violon qui trainait au sous-sol et l'a torturé une bonne partie de la journée.
Ulysse est celui qui m'inquiète le plus. Après avoir raccroché. Il n'a pas dit un mot. Il est allé dans sa chambre et s'est allongé sur le lit de son frère. Et il est resté là, à fixer le plafond. Il n'est pas descendu pour manger.
Au départ, j'ai cru qu'il avait décidé de se laisser mourir.
Mais ce matin, je l'ai trouvé en train de manger son petit déjeuner. Et il avait l'air déterminé cette fois.
En fait, après avoir passé toute la nuit dans ses pensées, il est arrivé à la conclusion qu'il ne pouvait y avoir q'un seul responsable : les Gothik.
Et il est bien décidé à les faire payer. Mais cette fois, il veut vraiment leur faire mal.
J'ai peur qu'il aille un peu loin et qu'il finisse par le regretter. Surtout qu'il n'a absolument aucun preuve de ce qu'il avance. Mais bizarrement, mon instinct me pousse à le croire. Je ne sais pas pourquoi.
Quoi qu'il en soit, il a passé la journée dans la salle de sport, comme s'il se préparait au combat de sa vie.
Je n'ose pas lui faire de remarque pour l'instant. Ça l'occupe et il a besoin de ça, je pense. Pour passer à autre chose. Il n'ira peut-être jamais plus loin. Une fois sa colère passée, il reviendra peut-être à la raison. J'ai beau avoir tendance à le croire, je ne suis pas sûr que la vengeance soit la meilleure voie à suivre. Répondre à la violence par la violence n'a jamais donné rien de bon.
Je vais quand même en parler à Daniel. Pour qu'on prêt à agir en cas de besoin.
Et moi dans tout ça ? Je décris ce que font les autres et ça me fait du bien car ça me permet de penser à autre chose, même si rien ne pourra vraiment apaiser la peine d'avoir perdu un membre de la famille d'une façon si brutale et inattendue. Je comprends maintenant ce par quoi certains de mes ancêtres ont ressenti dans la même situation et pourquoi ça leur tenait tant à cœur de faire tomber les Gothik. Peut-être qu'Ulysse a raison après tout.