Jour 436
Papa s'est mis en tête de réconcilier ses filles avant qu'il ne parte rejoindre maman. Pour avoir l'esprit tranquille et ne pas nous laisser en ayant l'impression d'avoir totalement gâché nos vies.
Mais je suis au regret de devoir annoncer que son plan ne s'est pas déroulé exactement comme il l'avait imaginé. Je dirais même que ça a lamentablement échoué.
Bon, ça n'aura quand même pas servi à rien. Les choses sont pires, mais elles ont au moins le mérite d'être claires.
À ce stade, la seule chose qui pourrait changer la situation, ça serait qu'elle se trouve quelqu'un sur qui reporter son obsession pour mon Clovis. Quelqu'un ou autre chose d'ailleurs. Je m'en fiche. Mais que ça lui permette de tourner enfin la page et qu'elle arrête de se ridiculiser comme une gamine qui fait un caprice.
Il faut qu'elle comprenne qu'elle n'aura jamais ce qu'elle veut et que même sans moi, la situation serait la même. Sauf que Clovis serait avec une totale inconnue.
Elle pourrait se réjouir du fait qu'il ait trouvé quelqu'un de bien, mais au lieu de ça, elle préfère se focaliser sur le fait qu'elle l'avait vu en premier et que mon seul but était apparemment de la rendre malheureuse. Parce qu'il est évident que je la déteste, bien sûr.
Si seulement c'était aussi simple que ça. Ça serait résolu en deux temps, trois mouvements.
C'est dommage, le repas avait bien commencé et j'y aurais presque cru pendant trente petites secondes.
Jusqu'à ce que je mentionner le dîner d'hier et ce qui nous attends dans l'avenir, Clovis et moi.
Je crois que c'est le mot mariage qui a mis le feu aux poudres.
Et c'est là que le flot de reproches a commencé à déferler de la bouche de ma sœur.
Paraît que j'aurais pu me montrer plus sensible et ne pas évoquer ce genre de chose devant elle quand je sais à quel point ça la blesse. Et puis, tant que j'y suis, j'aurais pu éviter de sortir avec Clovis. Réprimer nos sentiments réciproques et aller voir ailleurs.
Non mais franchement je rêve.
Parce qu'elle est malheureuse, je devrais l'être moi aussi ?
Et pour éviter qu'elle soit trop triste, je dois éviter de parler de ce qui me rend heureuse ? Parce qu'elle ne peut pas l'être pour moi.
C'est pas comme si tout ça c'était passé hier. Elle pourrait laisser tomber et accepter la réalité.