19. Acrobaties
« Une rendez-vous dans le parc avec un type inconnu, c’est suspect quand même. »
« Tu va pas commencer. »
« Je ne fais que constater. Quelle explication peux-tu donner à cette rencontre alors ? »
« Ça ne t’arrive pas de parler à des gens comme ça ? Peut-être qu’il avait besoin d’un renseignement ? »
« Ça fait quand même un petit moment qu’ils parlent … »
« T’es encore en train de l’espionner ? »
« Oui. Tu voulais pas que je veille sur eux ? Cela signifie que je vais suivre le moindre de leur geste. »
« Au moins ils auront pas le commentaire qui va avec. »
« Il est plutôt bien habillé ton Antonio. »
« Oui, il a la classe de son papa. »
« Si on veut. Moi je me demande surtout pourquoi il est habillé comme ça. »
« Ça doit être un rendez-vous très important. Pourquoi tu n’écoutes pas ce qu’ils se disent, tu aurais ta réponse tout de suite. »
« Et qui te dit que ce n’est pas le cas ? »
« Ben pourquoi tu dis rien ? »
« Pour garder du suspens ? »
« Bon je préférais quand même la tenue de tout à l’heure. »
« Mais c’est quoi ça ?! »
« Ça, c’est ton fils. »
« Mais pourquoi il est tout maquillé ? »
« Je pense qu’on a percé le mystère de ce qu’il compte faire pour le reste de sa vie. »
« Ah bon ? Quoi ? »
« Dis moi que tu le fais exprès ? Je le laisse t’annoncer la nouvelle… »
« En tout cas il n’a pas l’air très heureux. »
« C’est peut être la façon dont on l’observe qui le rend nerveux ? »
« Moi j’ai plutôt l’impression qu’il t’en veut. »
« Et pourquoi ça ? Je n’ai rien fait moi ! Il a choisit tout seul hein ! »
« C’est quoi ça ? »
« Un portrait ! »
« Ah et un portrait de qui ? »
« C’est pas évident ? »
« Je dois vraiment répondre ? Parce que non, pas vraiment. »
« Ben c’est moi ! »
« Autoportrait ? »
« Non c’est Rosaria qui l’a peint. Elle l’a commencé quand j’étais plus jeune. »
« Elle aurait mieux fait de ne pas le finir. A moins qu’il ne le soit pas ! »
« Tu veux vraiment pas me dire ? »
« Quoi ? »
« Ce qu’Antonio faisait ce matin dans le parc ! »
« Non mais je te dire ce qu’il fait en ce moment ! »
« Ah ? »
« Il pense. »
« Comment ça il pense ? »
« Il pense sur une jambe son coude posé sur le bras doit qui repose sur son autre jambe repliée. »
« Dis moi tout de suite que tu veux rien me dire ! »
« C’est pas ma faute si tu ne comprends pas mes indices ! »
« Un petite karaoké ce soir ? »
« Pourquoi tu me proposes ça ? »
« Ton fils a quitté le parc et s’est rendu ici. Je pense qu’il a rendez-vous avec Brenna. »
« Ce n’est pas ce soir que je vais apprendre ce qu’il a fait toute la journée… »
« Il a bien le droit de se détendre un peu, tu lui laisses un sacré fardeau ! »
« Si j’ai réussi à vivre avec, il y arrivera bien. »
« Ils sont mignons tous les deux. J’espère qu’ils resteront ensemble, je me demande quoi leur progéniture va ressembler ! »
« C’est comme ça que tu parles de ma descendance ? »
« Désolé, je me suis laissé emporter. Je suis tellement content de voir qu’il a déjà trouvé quelqu’un ! J’ai hâte de rencontrer la prochaine génération.»
« Et de te débarrasser de moi par la même occasion ? »
« Non, ça c’est la partie moins drôle. »
« T’auras bien assez à faire avec tout ce petit monde. »
« Heureusement qu’ils ne nous ont pas invité, on aurait gâché leur soirée. »
« Et bien, on peut dire que tu t’es bien amélioré. »
« Plus rien à dire hein ? »
« Je pourrais toujours questionner le choix du sujet mais je ne peux pas cacher que c’est plutôt bien réalisé. »
« J’espère bien. Je ne voudrais pas avoir perdu toutes ces heures de perfectionnement. »
« Perfectionnement ? C’est une façon de le dire. »
« Toujours pas parlé à ton fils ? »
« Non, on ne fait que se croiser en ce moment. Soit il part retrouver Brenna, soit il part faire cette chose secrète dont tu ne veux rien me dire. »
« Si tu savais ce qu’il est en train de faire en ce moment. »
« Si tu me le disais, je le saurais. »
« Il vaut mieux pas que tu saches. Si je te disais … »
« Tu veux pas finir ta phrase ? »
« Non. Mais je vais te dire une chose, il est plutôt doué... C’est toi qui est en train de l’appeler ?»
« Euh … Non ? »
« Je t’ai vu ranger ton téléphone ! »
« Pas du tout, tu vois bien que je suis occupé. »
« Ce n’était vraiment pas discret. »
« Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles. »
« C’est ça, fait l’innocent ! »
« Je suis outré ! »
« Tu sais, il finira bien par te le dire. Je pense qu’il veut juste s’assurer que ça va marcher. »
« Si tu le dis ! »
« Et tu fais quoi ? Une autre machine à remonter le temps ? »
« Je te dirais quand ça sera fini. »
« Tu te venges c’est ça ? »
« Tiens on dirait que ça marche bien pour Antonio. Il a laissé tombé l’affreux maquillage qu’il avait au parc la première fois. »
« Si tu le dis, j’ai toujours rien vu et je ne sais toujours pas ce qui se passe avec lui. »
« Je te rassure, il n’a pas l’air de savoir non plus ! »
« J’espère pour lui qu’il en sait plus que moi, ça a l’air dangereux ce qu’il fait . »
« Oh un repas en amoureux. Ça faisait longtemps qu’on vous avez pas vu ensemble ! »
« Depuis le mariage ? »
« Ah oui, j’avais oublié. »
« On peut pas dire que ça t’ait beaucoup marqué ! Je ne sais pas trop comment le prendre. »
« C’est juste que vous êtes ensemble depuis tellement longtemps que c’est comme si vous avez toujours été marié. »
« C’est vrai que ça ne fait pas beaucoup de différence. »
« En tout cas, cela me fait très plaisir de vous voir comme ça tous les deux. »
« C’est très agréable en effet. »
« De retour dans le parc avec notre inconnu. »
« Bon tu peux me le dire si mon fils est impliqué dans des activités illégales ! Le secret, les activités dangereuse … »
« Il pourrait aussi être agent secret ! »
« En effet, ça expliquerait le smoking ! Mon fils est James Bond ! »
« Ne t’emballe pas trop ! »
« Je crois qu’il a décidé d’en parler à Brenna. »
« Et pas à nous ? Je vais me vexer. »
« C’est sans doute qu’il a une petite idée derrière la tête non ? »
« Une idée ? »
« Si il veut passer le reste de sa vie avec elle, c’est pas plus mal qu’il lui parle de tout. »
« Comment veux-tu que je le sache, apparemment il ne nous dit rien ! »
« Peut-être qu’il ne veut pas vous décevoir. Après tout, il est fils unique et l’avenir de la famille repose sur ses seules épaules. Si j’étais lui je serais aussi prudent. »
« Personne ne lui en voudrait si il faisait des erreurs. »
« Et bien tu avais en parti raison. Antonio nous a demandé si Brenna pouvait emménager. »
« Et vous lui avait donné une réponse positive ? »
« Bien sûr ! Le plus tôt ils vivent ensemble, le plus tôt ils vont mettre la prochaine génération en marche. J’espère pouvoir profiter de mes petits enfants avant de partir.»
« Rosaria a l’air ravie d’avoir une autre femme à la maison. »
« Tu penses bien ! Ça n’arrête pas de papoter. »
« Et toi tu fais quoi ? Oh elle est revenue ! »
« Oui depuis tout ce temps. Je l’avais même complètement oublié jusqu’à ce soir. »
« Je me demande où elle était pendant tout ce temps. »
« Comment veux-tu que je le sache ? C’est toi qui est sensé tout voir. »
« Je ne te posais pas directement la question, je me doute que tu n’as pas la réponse. »
« En tout cas, c’est gentil à elle de venir me dire au revoir. »
« Qu’est ce que c’est encore que cette histoire ? »
« J’ai juste l’impression que c’est la dernière fois que je la vois c’est tout. »
« Il n’a pas l’air très content Antonio, qu’est ce qui lui arrive ? Un problème avec Brenna ? »
« Il est juste pas du matin, mais ça va lui passer. »
« Des problèmes au boulot peut être ? »
« Je serais bien incapable de te le dire, il faudrait d’abord qu’il nous mette au courant. »
« Et même Brenna ne vous a rien dit ? Un peu de pression de la part de ses beaux-parents, ça peut faire craquer n’importe qui. »
« Tu crois qu’on a pas déjà essayé ? Mais elle est forte, elle a résisté à tout. Je l’aime bien cette petite. »
« Elle ne vous rien dit du tout ? »
« Juste comme toi. Quand il sera prêt, il nous le dira. »
« Il en met du temps à être prêt en tout cas ! »
« On dirait que ça va mieux, ça flirte dans la salle de bain. »
« Moi qui voulait y aller, je vais attrendre encore un peu. »
« Tu es sûr que tu peux attendre ? A ton âge, les accidents ça arrive vite! »
« Je ne te permets pas ! Je n’ai jamais eu d’accidents comme tu dis, et je n’en aurais jamais. »
« Espérons. »
« Tu gâches toujours les bons moments comme ça ! »
« Quoi ? »
« Ben on parle d’amour, tout ça … et toi tu finis sur ma vessie. »
« Ben si tu savais ce qu’il se passe dans ta salle de bain en ce moment, je pense que tu préférais parler de ta vessie. »
« Tu veux dire quoi par là ? »
« Disons que le chantier de la prochaine génération vient de commencer. »
« En effet, je vais vaquer à mes occupations. »
« Tu veux que je te prévienne quand la salle de bain est libre ? Au cas où tu aurais une envie pressante ? »
« Je te hais parfois. »